Chapitre 2, Ceauşescu şi poporul, extrait.

…Quelle voiture ! Croyant bien faire, il avait acheté au garage Rockefeller, ça ne s’invente pas, une Lada, production d’URSS, ersatz de Fiat des années soixante, équipée d’un moteur de tank. Une bagnole qui tenait la route comme une savonnette sur un sol mouillé de salle de bain et qui ne tarderait pas à leur jouer quelques tours… Mais pour lors, ça roulait et rouler c’est tout ce qu’on lui demandait à la brave Lada en question.

Tournant le dos au Danube, cap sur la capitale à travers la morne plaine de Valachie.
Depuis le départ les routes, au fil des kilomètres et tandis qu’il s’enfonçait vers l’est, les routes devenaient de plus en plus … comment dire… Difficiles ? Oui, certes, la circulation était dense. Dangereuse ? Oui également, l’épuisement des conducteurs sur cette voie de migration entre l’Orient et l’Europe qui imposait de longues heures de conduite occasionnait des écarts de trajectoire aussi imprévus qu’inquiétants. Si on ajoutait à cela la vétusté des véhicules, les chargements aventureux sur les toits qui triplaient le volume de vieilles guimbardes poussives. Tout était réuni pour conférer au voyage un exotisme périlleux.
Mais passée la frontière, ce fut le pompon…
La route, perdait son nom de route, l’asphalte se désagrégeait autour des trous et des fondrières. Une conduite prudente s’imposait, la vitesse chutait et la moyenne tombait. Le risque étant grand de fracasser une roue ou un essieu dans les innombrables nids de poules qui constellaient un goudron loqueteux qui partait en capilotade. Sur cette chaussée qui imposait des zigzags incessants et des coups de volant brusques, la navigation devenait subitement hauturière.

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